
Le E-Ticket SIAM 2025 est là pour éviter les longues files d’attente
avril 11, 2025
Oujda en famille ? Ne manquez pas le fameux Karan à 2 Dhs !
juin 25, 2025Je suis Oujdi et fier de l’être !
Une fondation millénaire
La fondation de la ville d’Oujda est traditionnellement attribuée à Ziri Ben Attiya, chef des Meghraoua, en l’an 994 (384 de l’hégire). Il fit de la ville la capitale de ses États, y installant le siège de la dynastie Zénète pendant quatre-vingts ans. Toutefois, selon certaines sources, Oujda existait déjà avant cette date.
La ville connut ensuite une succession de dominations : les Almoravides, puis les Almohades qui renforcèrent ses fortifications en 1206. En 1298, le mérinide Abou Youssef reconstruisit entièrement la cité, rasée précédemment par son père Abou Yaacoub en 1272. Il y fit édifier de nouvelles murailles, une kasbah, un palais, une mosquée et des bains maures. Les Saadiens et les Alaouites se disputèrent ensuite la ville, jusqu’à ce que le sultan Moulay Ismaïl la réorganise à partir de 1673. Elle passa brièvement sous contrôle ottoman vers 1692 avant de revenir au royaume chérifien jusqu’à l’occupation française en 1907.
Le carrefour des incursions et des innovations
Située à proximité immédiate de la frontière algérienne, Oujda fut la première à recevoir le choc des incursions françaises : en 1844, 1859 et 1907. Paradoxalement, c’est à Oujda que furent installés les premiers équipements modernes du pays : gare ferroviaire, banque d’État, église, école moderne, tribunal et central téléphonique. Cette modernisation profita pleinement aux Oujdis dans les domaines scolaire, médical, urbanistique et architectural.
Oujda, centre commercial dynamique
Dès 1907, l’installation d’Européens fit naître de nouvelles activités commerciales : articles électroménagers, banques, bijouteries, cabinets médicaux, pharmacies, studios photo, cinémas, monoprix, drogueries. Ces commerces se déclinaient en trois catégories :
- Activités pour les populations étrangères (vins, charcuteries, parfumeries, automobiles)
- Services liés à l’agriculture locale (fruits, légumes, machines agricoles)
- Exportation vers l’Europe (céréales, cuirs, peaux, laine, bestiaux)
Oujda, grâce à sa position entre Tlemcen et Fez, constituait un véritable nœud commercial, alimentant toutes les tribus environnantes. Les marchés quotidiens y étaient très fréquentés, et la population marchande comptait à la fois des musulmans et des juifs.
Une identité maroco-algérienne assumée
La culture oujdie est un véritable métissage maroco-algérien. On le retrouve dans les tenues de mariage, les spécialités culinaires, le chant, la danse (yaâlaoui), la musique (gharnati, andalouse, raï), le tissage, le vocabulaire emprunté au français, au turc ou à l’espagnol. Les mariages mixtes étaient très courants jusqu’en 1962.
Une ville traversée par les grands de ce monde
Depuis la fin du XIXe siècle, Oujda a été visitée par de nombreuses personnalités :
- 1884 : Charles de Foucauld
- 1904 : Isabelle Eberhardt
- 1907, 1913, 1922 : Maréchal Lyautey
- 1925 : Georges Clemenceau, Maréchal Pétain
- 1941, 1947 : Général Juin
- 1943 : Général américain Clark, Antoine de Saint-Exupéry
- 1947 : Maréchal Leclerc
Des artistes et intellectuels ont aussi marqué Oujda : Paulette Dubost (1936-1944), Nathalie Delon (née à Oujda en 1941), Charles Aznavour, Alain Bombard, Roland Paskoff (géographe), Christian Nucci (ancien ministre), Maurice Lévy (PDG de Publicis), Frantz Fanon, Nelson Mandela…
Aujourd’hui, Oujda incarne la mémoire vivante de l’Oriental. Son patrimoine matériel et immatériel est une fierté nationale qu’il faut protéger. Carrefour d’influences, pont entre civilisations, elle rappelle avec éloquence les mots de Fernand Braudel :
« Les civilisations se font sur les frontières. »